Aujourd'hui, direction le Burren ! J'ai hâte de découvrir cette région de l'Irlande dont on a lu tant de bien. Requinqués par la soirée d'hier, optimistes, nous dirons que le temps est... mitigé. Vraiment pour voir le verre à moitié plein. Parce qu'en réalité, le temps est franchement pas terrible. Voire même pire que tout ce que l'on a eu jusqu'à présent : on n'y voit pas à 50 mètres. Nous sommes dans un brouillard épais, à moins que ce ne soit un nuage qui nous enveloppe. Mais chut, nous n'en dirons rien. Gardons le sourire :-)
Après une longue route parfois ennuyeuse, toujours sous la pluie, rarement éblouissante, nous dépassons Galway sans nous y arrêter : une course de voiliers en rend l'accès difficile, nous décidons donc de poursuivre notre chemin.
Puis, enfin, au loin, on découvre de grandes étendues grises, qui tirent vers le mauve. On pourrait presque croire à de la lavande. Mais non, ce sont bien les fameuses plaques de calcaire.
On s'en approchera plus tard...
... parce que pour l'instant, on choisit de suivre notre instinct. Assez de poursuivre une route pré-établie, de tourner pour souvent ne rien trouver : là, un panneau très clair indique LA grotte d'Irlande. On n'avait pas prévu ça au programme, justement, fonçons. J'aime bien les grottes, moi, en plus...
Après une petite balade en forêt peuplée d'étranges sculptures en bois, nous attendons notre tour pour pénétrer dans cette fameuse grotte, qui, à en juger par l'infrastructure et l'organisation, doit être une sacrée visite ! C'est assez cher, il y a beaucoup de monde, et l'aménagement de l'entrée avec son magasin de souvenirs, son fastfood, ses mini bus qui servent de navettes et ses appels de touristes au micro laissent présager d'une grotte vraiment spectaculaire.
Ça y est, on y est. Le guide parle assez vite et nous sommes en fin de cortège, je ne comprends pas tout ce qu'il dit... Mais ça ne change pas grand chose, on découvre une grotte comme tant d'autres.
C'est toujours agréable, j'aime l'ambiance qui se dégage de cette fraîcheur humide, les jeux de lumières sont amusants et une petite cascade pourrait presque faire croire à une chute d'or.
Mais quoi qu'il en soit, il faut bien reconnaître, n'en déplaise aux locaux, que c'est une grotte assez quelconque.
On reprend ensuite la route pour aller voir ce qui est l'emblème du Burren de plus près... Bien qu'armée d'une certaine bonne volonté, je sens à ce moment précis comme une rupture en moi. Je n'en dis rien, je ne veux pas gâcher le plaisir de cette découverte à Thierry et Romane. Mais une immense lassitude, irrépressible, m'envahit, me donne le blues et me plonge dans une humeur maussade. Je prends sur moi et essaie tant bien que mal de ne pas transmettre ce spleen aux autres. De toute façon, ça passera...
On poursuit donc la journée entourés de calcaire. Les plaques sont striées, de la végétation s'insère dans les moindres interstices, il faut bien regarder où l'on met les pieds, j'imagine qu'on peut vite se tordre la cheville. D'ailleurs, Romane ne manque pas de se coincer dans un trou...
Le temps se dégage un peu, on contourne le mythique dolmen de Poulnabrone.
J'avais dit que ça passerait, moi ? Et non, malgré le ciel qui bleuit à vue d'œil, mon moral reste bien sombre. Cette sensation de lourdeur, d'étouffement croit avec la route qui se poursuit.
Pourtant, en arrivant au B&B, ce soir-là, un belle surprise nous attend : une chambre très spacieuse, avec une séparation entre le lit adulte et les lits enfants. Enfin un peu d'intimité...
On reprend, encore, toujours, la voiture pour aller découvrir les falaises les plus hautes d'Europe, ou quelque chose comme ça, car m'est avis que de nombreuses falaises s'enorgueillissent d'un tel titre : j'ai nommé les Cliffs of Moher. Il parait que celles de Glencolumbkille, que l'on a vues dans le Donegal, sont plus hautes encore... C'est possible, mais il faut reconnaître qu'ici, elles sont particulièrement abruptes, vertigineuses et nettement plus impressionnantes.
Quoi que la chape nuageuse qui nous surplombe l'est tout autant.
Malgré un site époustouflant, je me sens toujours aussi lourde et oppressée. Je n'attends plus qu'une chose : que Romane soit couchée, au lit, pour laisser couler les larmes silencieuses qui s'accumulent, sans trop savoir ni expliquer pourquoi. Soyons clairs : j'en ai marre.
Thierry, qui sait pertinemment dans quel état je suis, tente de me remonter le moral et me soutient. Il me comprend, il en était au même point il y a à peine deux jours... La route, longue, qui nous donne l'étrange sensation d'aller de déconvenue en déconvenue, de nous faire découvrir de nouvelles choses assez peu différentes de celles que l'on quittait, ce manque de liberté liée à l'autotour, aura finalement eu raison de ma soif de découverte, de verdure, de grand air et de nature.
De retour au B&B, je me jette sur le net pour voir, à tout hasard, si l'on peut modifier nos vols. J'y passe du temps, mais oui, c'est possible. Reste à savoir ce que l'on fait : on va jusqu'au bout, on rentre ? J'ai honte d'admettre que l'idée de rentrer me procure un immense soulagement. Ça peut sembler ridicule, là, comme ça, mais cet immense ras-le-bol et cette lassitude intense ont fait que la route a gagné le bras de fer : je capitule. Romane réclamait depuis quelques jours à rentrer à la maison, Thierry n'a pas non plus une motivation débordante pour la suite du circuit.
Allez, ça y est, on change nos billets, je retrouve un léger sourire apaisé, bien que déçue, et on part manger dans un pub pour finir la journée à l'irlandaise.